OliKrom : une peinture qui éclaire les routes la nuit
La startup girondine OliKrom a mis au point une peinture phosphorescente qui brille la nuit.
Une idée lumineuse de plus pour l’entreprise spécialisée dans les pigments intelligents réagissant à la chaleur, aux chocs et aux produits chimiques.
« C’est fabuleux, on dirait un trucage », s’enthousiasme le maire de Pessac (Gironde). Depuis le mois d’octobre, les deux kilomètres de piste cyclables qui traversent un sous-bois, dans le quartier de Saige, se transforment un chemin lumineux la nuit tombée. Plus il fait noir, plus ça brille ! Le secret de cette magie ? Une peinture phosphorescente inventée par la startup OliKrom. « Elle contient des pigments chimiques qui absorbent la lumière du soleil et la restituent la nuit », explique Jean François Létard, son fondateur. « On voit la route se dessiner entre 50 et 100 mètres de plus qu’avec une signalisation traditionnelle » ajoute le dirigeant, ancien directeur de recherche à l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB), dépendant du CNRS. L’effet phosphorescent dure environ dix heures, de quoi largement tenir toute la nuit. La formule de la peinture, dont la mise en oeuvre a été confiée à Eiffage, est classée top secret.
[caption id="attachment_2423" align="aligncenter" width="600"] La peinture phosphorescente inventée par la startup Olikrom contient des pigments qui éclairent la route jusqu’à 100 mètres. © Olikrom[/caption]
Éviter des travaux de câblage électrique
La peinture phosphorescente est à présent en cours d’homologation pour le marquage routier. « On va pourvoir équiper tous les endroits à risque, comme les passages piétons, les dos d’ânes, les virages dangereux, les arrêts de bus ou les bretelles d’autoroute », énumère Jean François Létard. Idéal aussi dans les petits villages, les routes de campagne souvent mal éclairées, ou encore pour délimiter les places d’un parking. Le prix au litre est bien entendu plus élevé, « mais cela ne peut pas se comparer avec une simple peinture blanche, insiste Jean François Létard. Notre peinture permet d’éviter tous les frais d’infrastructure comme le câblage pour faire passer les fils électriques des lampadaires et le coût de l’électricité ».
Des peintures réactives à la chaleur, aux chocs ou aux gaz
La peinture phosphorescente n’est qu’un des nombreux produits mis au point par OliKrom. La startup fabrique toute une gamme de pigments spécialisés : peintures et revêtements industriels qui changent de couleur en présence d’un solvant (solvatochrome) ou d’un gaz (chimiochrome), encres thermochromes et piézochromes qui réagissent à un changement de couleur ou à la pression… Pour Safran, OliKrom a ainsi développé des revêtements thermosensibles qui permettent de cartographier les températures de chaque composant d’un moteur en fonctionnement. « La couleur évolue en fonction des températures subies », explique Jean François Létard. Airbus a, de son côté, demandé une peinture piézochromique permettant de localiser un choc sur l’ossature d’un avion. De quoi rendre l’inspection de la carlingue bien plus facile ! La startup songe d’ailleurs à étendre cette application à l’automobile, à l’éolien et au nautisme. En plein essor, OliKrom vient d’ouvrir son premier site de production près de Pessac, en Nouvelle-Aquitaine.
[caption id="attachment_2424" align="aligncenter" width="600"] Les pigments intelligents d’OliKrom réagissent à la pression, à la température ou aux gaz. © OliKrom[/caption]
Olikrom, en chiffres et en dates
- Domaine : pigments intelligents
- Fondateur : Jean François Létard
- Montant des levées de fonds : 4,8 M
- 2005 : premier brevet international
- 2009 : création de la cellule de transfert OliKrom-Adera pour accompagner la maturation de la nouvelle génération de matériaux révolutionnaires
- 2014 : création d’OliKrom et 1e levée de fonds (300 k) pour amorcer l’industrialisation de ses produits intelligents
- 2017 : 2e levée de fonds (4,5 M) pour accélérer le développement industriel et commercial
- 2018 : acquisition du site industriel, du centre R&D et unité de production
Lien vers l’article de Céline Deluzarch, Journaliste Futura Sciences